mardi 14 août 2012

Et d'Avalon à Camelot

Anthologie rassemblée et préfacée par Lucie Chenu





Lire un recueil de nouvelles, c'est jamais simple et ce encore plus lorsqu'il s'agit d'anthologies et donc d'auteurs différents. Assez friande d'amour courtois et de romans chevaleresque, je me suis essayée à cette anthologie arthurienne. Mon constat? Pfff certains auteurs confondent assez vite le concept de "nouvelle" avec celui de "texte bâclé".

Allez, petite critique texte par texte !

Excalibur Circus- Gudule
J'aime beaucoup Gudule, j'ai grandit avec son La Bibliothécaire et apprécie particulièrement son univers poétique pour la littérature jeunesse, et celui bien plus glauque réservé à ses textes adultes. Le premier texte d'une anthologie est primordial: il invite au voyage et doit donner envie de tourner les pages, pas question donc de mettre un fond de tiroir... sauf que fond de tiroir, c'est bien l'effet que m'a fait cet Excalibur Circus. Ce n'est pas que le texte soit mauvais, soyons honnête, mais sa simplicité affligeante empêche de donner une quelconque atmosphère à cet exercice de style. Il y a pourtant de l'idée, des choses intéressantes, mais qui se serait mieux développé en roman qu'en nouvelle.
En Bref: un texte sans saveur, qui se lit rapidement.

Trick or Treat - Yael Assia
Petite plongée dans l'esprit d'un être tourmenté, rêvant de Féerie pour échapper à la violence, tel est le programme de cette nouvelle. Peu fan de la narration à la première personne du singulier, la râleuse que je suis a bien évidemment poussé un soupir blasé en voyant que celle-ci était utilisé. Jouant la carte ultra rabâchée du jonglage entre problèmes psychologiques ou bien véritable monde fantastique, ce texte n'offre là encore rien de nouveau, et aucun élément de surprise ne se cache à travers cette lecture. On sent venir la fin dès le début, sans que le style de l'auteur ne parvienne à enjoliver à mes yeux, les tenants et aboutissants de cette histoire.
Malgré tout, le texte est maîtrisé et donne juste assez l'envie de tourner les pages pour attaquer le récit suivant.
En Bref: Vite oubliée, cette nouvelle propose malgré tout un travail honnête et se lit sans déplaisir.

Ce que chuchotait l'eau - Anne Fakhouri
Aha, le médiéval fantastique fait enfin son apparition ! Le personnage mis en scène est ici Keu, frère adoptif du Roi Arthur, et Sénéchal de ce dernier. Présenté comme rustre, balourd et par trop différents des idéaux chevaleresques tels qu'Arthur ou Lancelot, Keu nous apparaît ici dans toute sa complexité à travers un combat contre une créature mythique, mais aussi contre ses propres passions. Aigre et colérique, on y explore ici son ressentiment, mais aussi tout son amour envers Arthur: on se prend d'affection pour ce personnage imparfait et peu à peu, on se laisse gagner par les émotions du texte...
En Bref: Ni trop court, ni trop long, entre légende, hyperbole et profonde humanité, cette nouvelle délivre sa petite dose d'émotion. Un beau texte

Le Chevalier Noir - Luvan
Narration à la première personne du singulier également pour cette nouvelle, mettant en scène une figure mythique mais impersonnelle: le Chevalier Noir. Ennemi par excellence, sans nom et sans visage, L'auteur s'essaye ainsi à l'exercice de la réécriture, donnant sa propre interprétation des combats de la table ronde.Pourquoi pas? Je ne suis pas forcément fan du scénario proposé, mais l'écriture reste belle malgré tout;
En Bref: Une petite pause poétique pour une nouvelle là encore médiéval fantastique, un point de vu intéressant concernant un personnage par définition sans identité propre également.  J'ai assez pris plaisir à cette lecture...

Voyage sans retour -Rémy Gallart
Cette fois ci nous nous intéressons à Merlin, jusque là peu mis en valeur dans ce recueil. Le ton donné est est celui de la science-fiction, et là encore d'une réécriture de mythe. Quel mythe? La passion destructrice de Merlin et Viviane, rien que ça... Bon je suis rarement fan de SF, avec une exception pour le genre space opera, l'univers de la nouvelle m'a donc peu touché. Malgré tout on ne tombe pas sur de gros défauts majeurs à la lecture et l'on retrouve des clins d'oeils agréables à la légende originelle.
En Bref: Un Merlin très "petit con", une Viviane toujours dangereuse, la recette est connue, seul le décors change... et la magie prend malgré tout.

Le sacre du Nouvel An - Dean Whitlock
Seul auteur anglophone de cette anthologie,  Dean Whitlock nous présente là un texte un peu particulier, avec pour point de départ des toilettes publics à Cardiff. Charmant, n'est-il point? Transposer dans le monde moderne toute la magie du roi Arthur, là encore l'exercice n'est pas nouveau. Cependant, l'auteur choisit de nous présenter cela à travers trois personnage: Morgane, Mordred et Galaad. J'ai toujours aimé Galaad comme chevalier, en particulier son opposition à Mordred, je fus donc ravie de le retrouver ici bien que sn interprétation soit...surprenante. Quoi qu'il en soit, on s'aperçoit bien vite de la grande force de ce texte: quoi qu'il arrive, les jeux sont faits, la souffrance est là et les personnages, blasés, nous offrent leurs derniers sursauts de vie. La beauté des scènes décrites offre un peu de féérie à ce texte de qualité.
En Bref: Des personnages finalement peu vus, peu usés, à travers toutes les interprétations de cette légende arthurienne, des sentiments parfois incisifs, une traduction correcte....un texte comme on aime lire !

L'Histoire du Haut-Portail- Estelle Valls de Gomis
Gauvain, un fantôme, un cimetière victorien... De quoi surprendre, n'est-ce pas? Et pourtant, plutôt que de nous offrir une quelconque soupe littéraire, l'auteur charme par un texte explorant la fascination qu'exercent la chevalerie et l'amour courtois. Entre le fantastique, l'horreur et le gothique, la nouvelle -bien que courte- fascine et donne un portrait de Gauvain noble et attachant, ainsi que des clins d'oeils assez savoureux sur l'époque victorienne et l'art pré-raphaélite.
En Bref: Un petit bijou comme j'aurai aimé en lire plus souvent.

Décharmé peut-être - Léonor Lara
Perceval, chevalier niais par excellence et innocence à l'état pur. Un personnage qui énerve, qui fascine et se manie bien difficilement, soyons honnête. Que dire alors de ce Perceval là, immortel, aigri, maudit et ne croyant plus en rien? Prenant le contre pied du personnage légendaire, Léonor Lara nous offre un Perceval sombre, piégé dans un monde moderne sans foi ni loi, ne croyant en rien d'autre qu'en des reines traitresses et des rois maudits. Nouvelle coup de poing sur la perte de l'innocence, sur la brutalité des mythes, Décharmé peut-être se place au dessus des notions de bien et de mal pour ses personnages et secoue dans son traitement de leur psychologie.
En Bref: COUP DE COEUR, voilà c'est dit. Sans doute le meilleur texte de l'anthologie à mes yeux, suivi de peu par l'Histoire du Haut Portail

Fata Morgana - Sara Doke
Arthur, enfant meurtri bloqué dans un lit d'hôpital et Morgane, soeur et infirmière dévouée? Cette transposition assez originale donne l'eau à la bouche et peu permettre des pistes intéressantes, notamment dans la relation frère/soeur. Malheureusement, la narration du point de vue de Morgane ne parvient jamais à toucher, le personnage exaspère, donne envie de lui foutre des claques et au final, le texte ne délivre pas le moindre sentiment.
En Bref: Encore une nouvelle dont on se serait bien passé

Une légende est née - Nicolas Cluzeau
 Dernier texte de l'anthologie, ce sera donc à Guenièvre de nous donner le mot de la fin. Il est ici question de rédemption, de recherche de pardon après une trahison, celle de la fuite avec Lancelot, évidemment. Là encore, le résumé intéresse et nous laisse imaginer quelque chose d'émotif, d'épique.... hé bien non.
Guenièvre pleurniche, se bat, se retrouve à être l'archétype même du personnage que je ne supporte pas. Le style, lourd, rend la lecture pénible également. Il serait de bon ton que certains auteurs acceptent que la surenchère d'adjectifs dans une phrase, ne la rend pas pour autant poétique ! On referme le livre, énervé et triste aussi de voir un si beau sujet être maltraité.
En Bref: Un texte qui ne me réconcilie pas du tout avec le style d'écriture de Nicolas Cluzeau, qui offre quelques bonnes idées malgré tout, mais noyées dans une boue littéraire et insipide.

Conclusion: Quatre nouvelles sur Dix m'ont réellement intéressées, Quatre m'ont également parues moyennes, sans plus et Deux, définitivement mauvaises. Une anthologie assez dispensable niveau achat, mieux vaut l'emprunter pour la lire sans penser au trou dans le porte-monnaie.





1 commentaire:

  1. Bon, perso, je vais noter le blog. je n'ai pas lu le livre, mais le blog que tu tiens est horriblement laid. Noir sur vert foncé, faut s'accrocher quand même... Sinon, ta diatribe est plutôt tristement menée et tu fais quand même pas mal d'erreurs de style (sans doute dues à ton jeune âge...). Le pire, étant certainement ta courte biographie...

    Antoine, critique de blog.

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