mardi 28 août 2012

Top Ten Tuesday

Une amie m'a fait découvrir le principe: tous les maris selon un thème donné nous rédigeons une liste concernant nos lectures. Je ne sais pas si je le ferais tout le temps, mais à la limite, le principe de faire mon marché et piocher dans les thèmes qui m'inspirent, me plait déjà un peu plus donc....

c'est parti pour le top TEN des dix "méchants", "mauvais" personnages préférés. Me connaissant, il risque d'y en avoir plusieurs par numéros, mais bon... let's go

10 - Milady - Rochefort

Croisés dans les trois Mousquetaires, de Dumas, ces deux là ont sans doute été parmi les premiers des "méchants" que j'ai pu croiser dans mon expérience littéraire. Milady, femme fatale et sournoise, personnage fort et sachant s'imposer comme évoluer, dans un monde d'hommes et Rochefort, autre sous-fifre du cardinal, reconnaissable à son bandeau sur l'oeil. Des méchants de romans feuilletons, bien reconnaissables par leurs attraits physiques (grande beauté pour l'une, mutilation au visage pour l'autre) et leurs esprits retors. Il arrive que les adaptations cinématographiques leur rende justice, mais pas toujours (Milla Jovovich? Seriously? Bon par contre Mads Mikkelsen en Rochefort, là ouais ça donne envie !).
A noter: Concernant Milady, le roman d'Arturo Perez Reverte (plus connu pour ses Capitaine Alatriste), Club Dumas, nous offre une jolie interprétation féministe du personnage.

9- Frollo - Javert
Deux personnages de Victor Hugo, l'un apparaît dans Notre-Dame de Paris, l'autre dans les Misérables. J'ai plus d'attachement pour Hugo le poète, que pour Hugo l'écrivain, cependant ses personnages de "méchants", m'ont toujours fasciné. En lisant NDDP, j'étais sous le charme de Frollo, dont les états d'esprits nous sont décrits avec précisions, nous faisant entrer dans les souffrances du personnage et ses moindres tourments. Un vrai délice hypnotique, Esméralda ne sait pas ce qu'elle manque !
Concernant Javert, le personnage m'a toujours paru tragique, incompris. Sa lutte contre Valjean n'est que son métier, après tout, il est là pour arrêter les malfrats et sa descente en enfer avec l'apparition de ses doutes et son éveil aux sentiments déchire le coeur, lorsque l'on sait vers quelle fin cela le mène. Un grand personnage.

8- Heathcliff
Personnage tourmenté de Wuthering Heigthts, j'ai été amené à l'étudier comme "incarnation du mal", au hasard de mes cours. Evidemment, je ne suis pas entièrement d'accord avec cette interprétation, même si oui le personnage n'est pas un ange. Tour à tour rustre, personnage mystérieux, amant passionné, homme brisé et esprit revanchard, Heathcliff possède une richesse et une profondeur qui même aujourd'hui, ne cesse d'étonner et reste extrêmement difficile à rendre dans les différentes adaptations sur petit ou grand écran. Pourquoi je l'aime? La réponse va paraître idiote mais...parce que c'est un personnage plein d'amour, tout simplement. Un amour maudit, vicieux peut-être, qui le brûle et qui le ronge, mais en même temps tellement pur. Une raison d'aimer le personnage? Oh mais une scène suffit: l'annonce de la mort de Catherine, première et dernière fois où le personnage nous apparaît comme vulnérable, n'osant demander de l'aide, avant que la violence ne vienne reprendre ses droits sur lui (magnifique passage d'injures envers Catherine, et d'automutilation avec l'arbre!).
Personnage sombre, sans morale, il  n'est pas le mal, il est sa victime.

7 - Edmond Dantès
Héros du Comte de Monte Cristo...pourquoi dans les méchants? Parce que d'un point de vu morale (même si moi j'adore ça), la vengeance, c'est maaaaal
Bref, encore une fois un héros Dumasien, qui de l'innocent petit agneau va se transformer en loup sanguinaire. Tout autant adjuvant (avec les Morell), qu'ennemi, Dantès sacrifie les coupables comme les innocents (les enfants des différents couples), jusqu'à franchir la juste limite avant le point de non retour (superbe scène dans le jardin de la maison d'Auteil).Sur le point d'être entièrement consumé par la haine, il se rattrapera pourtant avant qu'il ne soit trop tard, et se laissera de nouveau aller à l'amour.

6- Gabriel
Archange dans Evadés de l'enfer, par le génial Hal Duncan, Gabriel est un requin des affaires et un fin stratège très... trou du cul.
Ses affaires, il les mène à la baguette, et tant pis si pour cela il faut faire des coups fourrés à quelques uns de ses frères. Un personnage jouissif, bien plus méchant que le "méchant", et qui ose tous les excès jusqu'à celui de la barbarie la plus complète. Entre violence et raffinement, Lucifer n'est rien d'autre qu'un agneau, à côté. En même temps, Gabriel a réussi à lui rendre son Enfer bien plus.... infernal. Il fallait oser, quand même !

5- Iago
Célèbre personnage de Shakespeare, Iago c'est l'enfoiré pince sans rire toujours là pour faire capoter  tes plans. Figure archétypale de l'ami traître, chez lui la fin justifie les moyens, et c'est bien cela qui est bon ! Pousser un ami à boire? c'est fait ! Ne pas avoir la femme que l'on aime alors la faire tuer par son amant? c'est fait aussi.
La vengeance, mais la vengeance négative, et dieu que j'aime ça !

4- Richard III
Autre personnage de Shakespeare, il pousse le vice jusqu'à une forme d'art! Personnage en souffrance malgré tout de par ses difformités physiques, le mal ne lui apparaît plus que comme unique chemin pour vivre en paix avec lui-même. Evidemment, c'est une tragédie, ça se terminera mal pour lui, mais entre temps Richard nous aura malgré tout régalé et ému à travers ses monologues et ses manigances !

3- Brandin D'Ygrath
Grand "méchant" du livre Tigane, de Guy Gavriel Kay, ce roi est un puissant sorcier, mais également un homme en mal d'amour et un père orphelin. Pour venger la mort de son fils par une nation voisine, il jeta un tel sort que le nom de celle ci fut effacée de l'histoire et des consciences. La nation, réduite en esclavage, verra ses habitants la déserter, privés d'un nom et d'une identité pour l'expiation du meurtre d'un seul homme dès lors commencera une quête et une guerre à la recherche de ce nom perdu.
S'il émeut de par les épreuves qu'il traverse, Brandin horrifie de par ses actions. Tyran commandé par ses émotions, homme seul aux prises avec le pouvoir et ne trouvant de remède à sa solitude que quelques heures dans son harem, l'auteur ne nous le présente malgré tout jamais comme un gros "méchant". C'est ici un être humain, ayant fait de mauvais choix, et condamné à un sort tragique de par cela même, car toute magie vient avec un prix. Et comment ne pas être ému par sa relation avec la belle Dianora?

2- Luke
Personnage de la série des Percy Jackson, qui possède une certaine complexité malgré son appartenance à une série pour jeunes lecteurs. Enfant "maudit" cherchant à se révolter contre la figure d'un père tout puissant, parce que divin (quoique Hermès comme père, c'est un peu plus cool qu'Hadès), Luke va pour cela tout simplement vouloir réveiller...les titans.
Cependant, le personnage n'oublie pas d'être ambigu et de présenter tout autant de part d'ombres que de lumières. Le héros, Percy, le dit lui-même, la première marque de soin et de gentillesse qu'il reçoit au camp, lui vient de Luke. Une figure condamnée, qui marque, bref tout ce que j'apprécie.

1- Galadan 
Il nous apparaît au départ comme un méchant "secondaire" de La Tapisserie de Fionavar, trilogie de Guy Gavriel Kay, et pourtant...
Demi-dieu, fils de Cernunnos et seigneur des loups, Galadan marque déjà par son apparence physique: une visage noble aristocratique mais osseux, et des cheveux gris argentés avec une mèche blanche, bref tout pour lui donner une certaine allure rien que par le design.
Lieutenant de Rakoth Maugrim, le Destructeur, Galadan se convainc lui même de sa propre méchanceté au delà de toute rédemption. La femme qu'il aimait l'a abandonné pour un autre homme, histoire classique, et lorsque son amant ne revint pas de la guerre, Galadan ne pu empêcher son suicide. Marqué, brisé par ce fait, le demi dieu jura de détruire le monde pour satisfaire sa propre égocentricité: il ne veut plus d'un monde où Lisen l'aurait rejeté.
Egoïste qui ne s'en cache pas, à fleur de méchanceté et à fleur de peau, Galadan explosera finalement dans un final cathartique, trouvant la rédemption dans l'étreinte de Cernunnos, son père, avec pour seule phrase "Si seulement elle m'avait aimé, mon étoile aurait été si brillante!".
Un méchant qui marque, qui hante et donne envie de le retrouver dans d'autres oeuvres. On a bien le droit de rêver...

jeudi 16 août 2012

Marina, Carlos Ruiz Zafon






Ado, j'étais toujours frustrée de voir que les auteurs ne me semblaient jamais aller au bout de leurs idées concernant l'horreur et le glauque. Les livres effrayants, destinés aux ados, m'ont toujours paru fades, brouillons... Il faut dire que grandir, gamin, avec la série des Chair de Poule, et enchaîner direct avec le Shining de Stephen King, ça forge tout de suite certaines attentes au niveau horreur.

Marina, c'est le genre de roman que j'aurai adoré, ado. C'est également le genre de roman que j'adore, adulte. Une mère de famille m'a avoué l'interdire à sa fille de 14 ans, cependant, le considérant comme trop glauque, trop malsain pour son âge. Je sais que des enfants sont plus sensibles que d'autres, mais ce roman, classé dans les romans jeunesses même si une édition adulte existe, ne m'a jamais paru agressif pour autant. Bref, l'éternel question de la censure...

Oscar est dont un jeune adolescent en pensionnat dans la Barcelone des années 80.. Il aime à explorer la ville et ses quartiers fantômes. C'est au cours de ses pérégrinations qu'il fera la rencontre de Marina, jeune fille de son âge, vivant seule en compagnie de son père malade, German.

Le résumé ne fait pas envie? Et pourtant dieu que ce roman est beau... Histoire d'amour sur plusieurs plans, celle naissante de Marina et Oscar, celle passée de German, qui continue de le hanter, et celle maudite des héros tourmentés que croiseront les enfants à travers les rues de Barcelone, Marina porte l'héritage des romans gothiques et de tous ces grands classiques de la littérature avec leurs amours maudits. Carlos Ruiz Zafon décrit avec un don rare, la ville de Barcelone, lui offrant une atmosphère quasi mystique qui hante et obsède, et insuffle une beauté à chacune de ses phrases, beauté que la traduction française rend sans problèmes.
Entre le fantastique, le gothique et le dramatique, l'auteur n'hésite pas à se montrer glauque et sans pitié, des thèmes graves comme la mort et la maladie sont ainsi abordés avec des mots d'adultes, confrontant les enfants à une perte presque totale de leur innocence. Parlons en des enfants, justement. Des héros attachants, avec des caractères bien définis et qui ne tombent pas dans le piège des personnages trop parfaits. Ils sont mâtures, ils ont également leurs défauts, mais surtout, ils ont des sentiments, des émotions à fleur de peau qui explosent au fil des pages entre les ruelles de cette ville maudite.

Le final, sombre, amer, mélancolique, ne m'a pas laissé de marbre. Il pouvait se deviner, certes, mais l'auteur n'a pas pour intention de jouer sur l'effet de surprise. A l'image de l'un des personnages, nous vivons dans un espèce de semi-déni quant à la suite des évènements, mais être aveugle aux choses ne les a jamais empêché de se produire. Tout arrive, même le pire, et vivre ce pire est également un des nombreux voyages de notre vie, ainsi la gare qui ouvre et conclut le roman prend toute sa valeur symbolique. En vivant cette aventure, les enfants auront à accepter leur propre condition et surtout, à devenir adultes.

En Bref:  Encore une de mes lectures coup de coeur, un roman qui ne perd pas de sa force même après une relecture, des personnages attachants, une intrigue qui multiplie les références tout en se créant sa propre identité, une tristesse sous-jacente dans chacune des pages... Un roman beau, poignant, qui nous redonne un peu de notre innocence pour nous l'enlever sans concession au fil de notre lecture.

mardi 14 août 2012

Et d'Avalon à Camelot

Anthologie rassemblée et préfacée par Lucie Chenu





Lire un recueil de nouvelles, c'est jamais simple et ce encore plus lorsqu'il s'agit d'anthologies et donc d'auteurs différents. Assez friande d'amour courtois et de romans chevaleresque, je me suis essayée à cette anthologie arthurienne. Mon constat? Pfff certains auteurs confondent assez vite le concept de "nouvelle" avec celui de "texte bâclé".

Allez, petite critique texte par texte !

Excalibur Circus- Gudule
J'aime beaucoup Gudule, j'ai grandit avec son La Bibliothécaire et apprécie particulièrement son univers poétique pour la littérature jeunesse, et celui bien plus glauque réservé à ses textes adultes. Le premier texte d'une anthologie est primordial: il invite au voyage et doit donner envie de tourner les pages, pas question donc de mettre un fond de tiroir... sauf que fond de tiroir, c'est bien l'effet que m'a fait cet Excalibur Circus. Ce n'est pas que le texte soit mauvais, soyons honnête, mais sa simplicité affligeante empêche de donner une quelconque atmosphère à cet exercice de style. Il y a pourtant de l'idée, des choses intéressantes, mais qui se serait mieux développé en roman qu'en nouvelle.
En Bref: un texte sans saveur, qui se lit rapidement.

Trick or Treat - Yael Assia
Petite plongée dans l'esprit d'un être tourmenté, rêvant de Féerie pour échapper à la violence, tel est le programme de cette nouvelle. Peu fan de la narration à la première personne du singulier, la râleuse que je suis a bien évidemment poussé un soupir blasé en voyant que celle-ci était utilisé. Jouant la carte ultra rabâchée du jonglage entre problèmes psychologiques ou bien véritable monde fantastique, ce texte n'offre là encore rien de nouveau, et aucun élément de surprise ne se cache à travers cette lecture. On sent venir la fin dès le début, sans que le style de l'auteur ne parvienne à enjoliver à mes yeux, les tenants et aboutissants de cette histoire.
Malgré tout, le texte est maîtrisé et donne juste assez l'envie de tourner les pages pour attaquer le récit suivant.
En Bref: Vite oubliée, cette nouvelle propose malgré tout un travail honnête et se lit sans déplaisir.

Ce que chuchotait l'eau - Anne Fakhouri
Aha, le médiéval fantastique fait enfin son apparition ! Le personnage mis en scène est ici Keu, frère adoptif du Roi Arthur, et Sénéchal de ce dernier. Présenté comme rustre, balourd et par trop différents des idéaux chevaleresques tels qu'Arthur ou Lancelot, Keu nous apparaît ici dans toute sa complexité à travers un combat contre une créature mythique, mais aussi contre ses propres passions. Aigre et colérique, on y explore ici son ressentiment, mais aussi tout son amour envers Arthur: on se prend d'affection pour ce personnage imparfait et peu à peu, on se laisse gagner par les émotions du texte...
En Bref: Ni trop court, ni trop long, entre légende, hyperbole et profonde humanité, cette nouvelle délivre sa petite dose d'émotion. Un beau texte

Le Chevalier Noir - Luvan
Narration à la première personne du singulier également pour cette nouvelle, mettant en scène une figure mythique mais impersonnelle: le Chevalier Noir. Ennemi par excellence, sans nom et sans visage, L'auteur s'essaye ainsi à l'exercice de la réécriture, donnant sa propre interprétation des combats de la table ronde.Pourquoi pas? Je ne suis pas forcément fan du scénario proposé, mais l'écriture reste belle malgré tout;
En Bref: Une petite pause poétique pour une nouvelle là encore médiéval fantastique, un point de vu intéressant concernant un personnage par définition sans identité propre également.  J'ai assez pris plaisir à cette lecture...

Voyage sans retour -Rémy Gallart
Cette fois ci nous nous intéressons à Merlin, jusque là peu mis en valeur dans ce recueil. Le ton donné est est celui de la science-fiction, et là encore d'une réécriture de mythe. Quel mythe? La passion destructrice de Merlin et Viviane, rien que ça... Bon je suis rarement fan de SF, avec une exception pour le genre space opera, l'univers de la nouvelle m'a donc peu touché. Malgré tout on ne tombe pas sur de gros défauts majeurs à la lecture et l'on retrouve des clins d'oeils agréables à la légende originelle.
En Bref: Un Merlin très "petit con", une Viviane toujours dangereuse, la recette est connue, seul le décors change... et la magie prend malgré tout.

Le sacre du Nouvel An - Dean Whitlock
Seul auteur anglophone de cette anthologie,  Dean Whitlock nous présente là un texte un peu particulier, avec pour point de départ des toilettes publics à Cardiff. Charmant, n'est-il point? Transposer dans le monde moderne toute la magie du roi Arthur, là encore l'exercice n'est pas nouveau. Cependant, l'auteur choisit de nous présenter cela à travers trois personnage: Morgane, Mordred et Galaad. J'ai toujours aimé Galaad comme chevalier, en particulier son opposition à Mordred, je fus donc ravie de le retrouver ici bien que sn interprétation soit...surprenante. Quoi qu'il en soit, on s'aperçoit bien vite de la grande force de ce texte: quoi qu'il arrive, les jeux sont faits, la souffrance est là et les personnages, blasés, nous offrent leurs derniers sursauts de vie. La beauté des scènes décrites offre un peu de féérie à ce texte de qualité.
En Bref: Des personnages finalement peu vus, peu usés, à travers toutes les interprétations de cette légende arthurienne, des sentiments parfois incisifs, une traduction correcte....un texte comme on aime lire !

L'Histoire du Haut-Portail- Estelle Valls de Gomis
Gauvain, un fantôme, un cimetière victorien... De quoi surprendre, n'est-ce pas? Et pourtant, plutôt que de nous offrir une quelconque soupe littéraire, l'auteur charme par un texte explorant la fascination qu'exercent la chevalerie et l'amour courtois. Entre le fantastique, l'horreur et le gothique, la nouvelle -bien que courte- fascine et donne un portrait de Gauvain noble et attachant, ainsi que des clins d'oeils assez savoureux sur l'époque victorienne et l'art pré-raphaélite.
En Bref: Un petit bijou comme j'aurai aimé en lire plus souvent.

Décharmé peut-être - Léonor Lara
Perceval, chevalier niais par excellence et innocence à l'état pur. Un personnage qui énerve, qui fascine et se manie bien difficilement, soyons honnête. Que dire alors de ce Perceval là, immortel, aigri, maudit et ne croyant plus en rien? Prenant le contre pied du personnage légendaire, Léonor Lara nous offre un Perceval sombre, piégé dans un monde moderne sans foi ni loi, ne croyant en rien d'autre qu'en des reines traitresses et des rois maudits. Nouvelle coup de poing sur la perte de l'innocence, sur la brutalité des mythes, Décharmé peut-être se place au dessus des notions de bien et de mal pour ses personnages et secoue dans son traitement de leur psychologie.
En Bref: COUP DE COEUR, voilà c'est dit. Sans doute le meilleur texte de l'anthologie à mes yeux, suivi de peu par l'Histoire du Haut Portail

Fata Morgana - Sara Doke
Arthur, enfant meurtri bloqué dans un lit d'hôpital et Morgane, soeur et infirmière dévouée? Cette transposition assez originale donne l'eau à la bouche et peu permettre des pistes intéressantes, notamment dans la relation frère/soeur. Malheureusement, la narration du point de vue de Morgane ne parvient jamais à toucher, le personnage exaspère, donne envie de lui foutre des claques et au final, le texte ne délivre pas le moindre sentiment.
En Bref: Encore une nouvelle dont on se serait bien passé

Une légende est née - Nicolas Cluzeau
 Dernier texte de l'anthologie, ce sera donc à Guenièvre de nous donner le mot de la fin. Il est ici question de rédemption, de recherche de pardon après une trahison, celle de la fuite avec Lancelot, évidemment. Là encore, le résumé intéresse et nous laisse imaginer quelque chose d'émotif, d'épique.... hé bien non.
Guenièvre pleurniche, se bat, se retrouve à être l'archétype même du personnage que je ne supporte pas. Le style, lourd, rend la lecture pénible également. Il serait de bon ton que certains auteurs acceptent que la surenchère d'adjectifs dans une phrase, ne la rend pas pour autant poétique ! On referme le livre, énervé et triste aussi de voir un si beau sujet être maltraité.
En Bref: Un texte qui ne me réconcilie pas du tout avec le style d'écriture de Nicolas Cluzeau, qui offre quelques bonnes idées malgré tout, mais noyées dans une boue littéraire et insipide.

Conclusion: Quatre nouvelles sur Dix m'ont réellement intéressées, Quatre m'ont également parues moyennes, sans plus et Deux, définitivement mauvaises. Une anthologie assez dispensable niveau achat, mieux vaut l'emprunter pour la lire sans penser au trou dans le porte-monnaie.





lundi 13 août 2012

La Foire des Ténèbres, Ray Bradbury (vo: Something Wicked This Way Comes)


Le décès récent de Ray Bradbury m'avait donné envie de redécouvrir cet auteur. Une personne de bon goût ayant mentionné ce livre dans ses prochaines lectures, j'ai décidé de suivre son exemple et de me plonger dans ce qui ne pourrait être rien d'autre qu'une oeuvre pour enfants.

Alors, de quoi ça parle? De Jim et Will, deux enfants qui pourraient être frères, deux amis qui ont l'âge des bêtises, des petits mensonges et des rêves d'avenir. D'un père aussi, un père absent pour l'un, un père vieux pour l'autre, trop vieux pour être père? Certaines choses n'ont pourtant pas d'âge... Et il y a cette foire aussi, venue à travers la nuit, l'obscurité, les rêves et les fantasmes maudits. Le vendeur de paratonnerre l'avait prédit: "la foudre frappera", comment faire alors pour lui échapper?

Et donc? Ca arrive parfois, de lire des choses qui nous touche, des choses belles à en pleurer. Cela a été le cas de cette histoire, avec moi. Bradbury nous livre là un récit d'innocence et de mort, d'amitié et de paternité où la poésie de ses phrases n'a pas un goût de mensonge, mais de vérité. Doux, amer, sincère et cruel, ce conte nous rouvre les portes de l'enfance sans mièvrerie aucune. A travers les yeux de deux enfants, Bradbury explose la notion d'amitié en une chose bien plus complexe et émouvante que le sempiternel "aaaah je suis ton ami, je vais mourir pour toi car je t'aime comme un frère, bouhouhou", et puis il y a ce père aussi. Un personnage complexe, mélancolique, qui doute, qui est faillible et pourtant, si courageux. Les plus beaux passages du livre se trouvent avec lui, et quoi de plus beau qu'un fils qui se rend enfin compte de l'homme qu'est son père?
Profondément humain, ce livre touche, ensorcèle. Parfois lourd et oppressant, jamais bien pensant, un bijou de noirceur et d'humanité.



Nota Bene: 

-le titre original "Something wicked this way comes", vient d'une citation de Macbeth
- Un film fut tiré du livre, dans les années 80, n'hésitez pas à le regardez si comme moi vous aimez  également les films au parfum d'enfance. Différent du roman sur quelques points, il n'en trahit pourtant jamais l'essence